Yvon Mutrel
UNE POESIE BLANCHE
« Merveilleuse est la toile vide […] Chaque ligne me dit : “me voilà !” Elle se maintient, montre son visage éloquent – «“écoutez ! écoutez mon secret !” »
Toile vide, Vassily Kandinsky, 1935
Le blanc, pour Yvon Mutrel, n’est ni l’alpha et l’oméga de sa recherche (comme le noir l’a été pour Soulages), ni même une finalité abstraite, comme s’il procédait par effacement de la couleur des couleurs. Au contraire : c’est le blanc qui les révèle ou qui révèle leur absence quand il parvient à la monochromie.
Ses gravures à » la manière blanche » représentent la faculté de créer différentes strates dans l’épaisseur du papier. Il les transforme donc en « tableaux reliefs ». Elles reposent sur le principe de l’horizontalité. Elles procurent à première vue l’impression qu’il a un penchant pour un dispositif géométrique rigoureux. Quand on prend le temps de les observer et de les pénétrer, force est d’admettre qu’elles se révèlent des variations très subtiles de lignes et de plans colorés. Elles sont sous-tendues par une poétique d’une grande finesse, qui ne cesse de révéler les strates d’une pensée esthétique originale, profonde et surtout ludique. Constructiviste en apparence, Yvon Mutrel, fait apparaître la vérité de sa lumière dans un exercice à la fois savant et sensuel de la matière et des formes qu’il lui impose.
Gérard-Georges Lemaire